Mon allocution à la cérémonie du désengagement des troupes françaises du Tchad, organisée ce matin 31 janvier 2025.
– Distingués invités ;
– Chers compatriotes.
En cet instant précis et avant toute autre chose, je voudrais m’orienter vers le Tout Puissant Créateur, pour Lui exprimer mon infinie gratitude.
Nombreux étaient les événements qui m’ont conduit à prendre la parole, depuis mon arrivée à la tête du pays, en avril 2021. Mais l’occasion qui nous réunit, aujourd’hui, est extraordinaire. Elle est unique et historique.
Il s’agit, en effet, d’un événement sans précédent qui cristallise un symbole fort, une vision nouvelle et un engagement résolu.
Mieux encore, il satisfait une des aspirations les plus emblématiques, légitimes, répandues et profondes du vaillant peuple du Tchad dans son ensemble.
C’est donc un jour exceptionnel dans la marche de notre pays, qui marque la fin effective de la présence militaire française au Tchad. Une première depuis 125 ans ! Je pèse et mesure parfaitement mes mots.
Jamais cet accord n’a été dénoncé dans son essence et appliqué sur le terrain, comme nous venons de le faire.
La présence militaire française au Tchad remonte aux années 1900. Plus d’un siècle et deux décennies de présence, sous une forme ou une autre, à l’époque de la colonisation ou à l’ère l’indépendance, avec un accord signé ou même sans un accord.
Le Tchad tire aujourd’hui tous les enseignements qui découlent de cette forme surannée de coopération militaire.
– Distingués invités ;
– Chers compatriotes.
Ce 31 Janvier 2025, marque ainsi le retrait définitif et complet des forces françaises stationnées au Tchad. C’est, au bas mot, un nouveau lever de soleil, au ciel d’un Tchad entièrement souverain et résolu à assumer son destin.
Le 28 Novembre 2024, au jour du 66ème anniversaire de la Proclamation de la République du Tchad, nous avons rompu l’Accord militaire avec la France.
Le 31 Décembre 2024, lors de notre Message à la Nation, nous avons fixé pour le 31 Janvier 2025, la date butoir du retrait intégral des forces françaises de l’ensemble du territoire national du Tchad.
Grace à Dieu et en réponse concrète à un engagement patriotique pris devant le peuple tchadien, nous assistons aujourd’hui, avec une réelle, profonde et légitime fierté, à la fermeture effective de la dernière base militaire française, installée au cœur de notre capitale, depuis plusieurs décennies.
Ce retrait bouclé par le décollage, de cette même base, du dernier avion milliaire français, hier à 15h50, représente une étape majeure franchie dans la nouvelle marche du Tchad, qui vise à repenser ses relations bilatérales et multilatérales avec l’ensemble des pays et au sein de diverses institutions internationales.
Je voudrais adresser mes vifs remerciements aux membres de la Commission Chargée de la Mise en Œuvre de la dénonciation de l’accord de coopération militaire avec la France, pour les efforts déployés dans l’accomplissement de la mission assignée.
Mes sincères remerciements s’adressent également à la partie française pour avoir promptement collaboré, dans le calme, le respect et la sérénité, dans la mise en application de cette décision, conformément à notre volonté et dans le délai accordé.
– Distingués invités ;
– Chers compatriotes.
Le Tchad affirme ainsi son attachement aux relations internationales transparentes, agissantes et réciproques. Il souscrit pleinement aux principes d’une coopération respectueuse de la souveraineté des États et avantageuse à toutes les parties prenantes.
En reprenant le contrôle total de toutes les bases militaires françaises établies dans notre pays, suite à la rupture de notre coopération militaire avec la France, nous ne rompons pas nos relations avec la France, mais nous mettons un terme à la dimension militaire de cette coopération. Cette précision mérite d’être soulignée dans la clarté la plus absolue.
La coopération militaire avec la France a marqué pendant des décennies notre histoire. Nous reconnaissons qu’à certains moments, par le biais de cette coopération la France a joué un rôle important !
Cependant plusieurs réalités géo stratégiques et géo politiques nous imposent une pleine revue de nos partenariats.
Le Tchad restera ouvert au dialogue avec tous ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect des principes sur lesquels se fondent les relations entre les pays.
– Distingués invités ;
– Chers compatriotes.
Un dialogue franc, avec tous nos partenaires, est pour nous l’impératif du quinquennat que nous ont confié l’ensemble des Tchadiens, qui aspirent à voir leur pays s’affranchir de toutes formes de partenariats opaques, inadéquats, ou sans impact réel sur la vie quotidienne de nos compatriotes.
Cette nouvelle orientation émane de notre volonté de prendre en main notre destin, de renforcer notre autonomie et de bâtir un avenir où notre sécurité nationale repose, d’abord et avant tout sur nos propres Forces de Défense et de Sécurité.
Depuis les années d’indépendance de notre cher Pays, nous avons traversé de nombreuses périodes de turbulences. Nous avons par ces périodes appris à être résilients, à nous relever et à refaire route vers notre développement, souvent avec des entraves dont nous devons nous défaire désormais et absolument !
C’est donc une véritable Grâce pour notre modeste personne, de présider cette cérémonie qui restera dans les annales de l’histoire du Tchad ! Il nous faut, Chers compatriotes, compter sur la bravoure et le professionnalisme de nos forces de défense et de sécurité, construire sur un sens élevé de patriotisme au prix de tout sacrifice.
Nous devons construire une armée encore plus forte, mieux équipée et capable de répondre aux menaces sécuritaires permanentes de notre temps, avec pleine efficacité et indépendance.
Il nous faut forger de nouvelles alliances basées sur le respect mutuel et sans perdre de vue les exigences de l’indépendance et de la souveraineté !
C’est de cette forme de coopération que je rêve pour le Tchad refondé !
C’est le lieu pour moi, en ma qualité de Chef Suprême des Armées de rendre hommage, à nos forces de défense et de sécurité, à tous ces hommes et femmes, qui chaque jour assurent la protection de notre pays au prix de leurs vies.
Vous êtes les acteurs de notre stabilité et de notre indépendance ! Le Gouvernement sera toujours à vos côtés, pour faire en sorte que votre noble mission soit remplie sans failles ! Je m’y engage et j’y veillerai personnellement avec l’aide de Dieu.
– Distingués invités ;
– Chers compatriotes.
La pleine souveraineté pour laquelle nous œuvrons au Tchad, est bien plus qu’une notion vague. C’est l’expression au quotidien de notre liberté collective, de notre capacité à décider de notre avenir, à protéger nos valeurs et à défendre nos intérêts.
Elle doit incarner notre volonté commune à exister en tant qu’entité autonome, à déterminer nos propres lois, à choisir nos alliances et à tracer notre propre chemin dans un monde en constante mutation.
Faut-il le dire, la souveraineté n’a jamais été un cadeau. Elle est une conquête, le fruit de luttes, de sacrifices et d’un engagement constant. Nos ancêtres ont combattu pour nous offrir cette liberté, pour que nous puissions vivre dans une nation indépendante, fière et respectée.
Aujourd’hui, il est de notre responsabilité de préserver cet héritage et de le transmettre aux générations futures.
Toutefois, la souveraineté ne signifie pas l’isolement. Dans un monde interconnecté, où les défis dépassent les frontières , qu’il s’agisse du changement climatique, des crises économiques ou des menaces sécuritaires, la souveraineté doit s’articuler avec la coopération.
Être souverain, c’est avoir la capacité de dialoguer d’égal à égal avec les autres nations, de participer activement aux décisions importantes, tout en préservant notre identité et nos intérêts.
C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, nous devons être vigilants. Nous devons renforcer nos institutions, défendre nos intérêts, protéger notre économie, préserver notre culture et investir dans notre éducation.
Nous devons être fiers de notre histoire, tout en étant ouverts au progrès et à l’innovation. La souveraineté, c’est aussi la capacité de s’adapter, d’évoluer, sans jamais perdre de vue qui nous sommes.
Aussi, la souveraineté ne se limite pas à l’État ou au Gouvernement. Elle repose sur chacun d’entre nous. Elle se nourrit de notre engagement citoyen, de notre volonté à participer à la vie démocratique, à défendre nos droits et à assumer nos responsabilités.
Une nation souveraine, c’est une nation unie, consciente de sa force et déterminée à préserver son avenir.
Je ne saurais laisser de côté mes semblables : les jeunes !
C’est maintenant ou jamais. Notre génération doit se lever pour la patrie ! Il nous faut aller ensemble, bâtir ensemble, parler le langage de la refondation et du développement harmonieux.
Nos différences de sensibilité politique et d’opinions sur la gestion du pays, ne doivent pas offrir un terrain fertile aux ennemis de notre nation !
Nous devons mettre le Tchad, son indépendance, son droit à l’autodétermination, son intégrité territoriale et sa souveraineté internationale au-dessus de toute considération.
Ce pays est grand et riche, nous avons toutes les possibilités et les potentialités pour le rendre encore plus grand !
Debout et à l’ouvrage ! Ta liberté naitra de ton courage ! Lève les yeux l’avenir est à toi !
Vive la Souveraineté du Tchad !
Vive l’Armée nationale Tchadienne !
Vive le Tchad refondé et fort !
Que Dieu vous bénisse.